L’histoire vécue de la guerre 1914-1918

Reprise d’un article de S. Gustave paru dans le bulletin n° 102 de Mars 2015

1914

Le monde était en paix. Trois des plus puissants trônes d’Europe étaient occupés par des cousins : Georges V en Angleterre, Nicolas II en Russie, et Guillaume II en Allemagne. Le 28 juin, l’archiduc Fran-çois-Ferdinand, héritier du trône d’Autriche Hongrie, est assassiné à Sarajevo, capitale de la Bosnie. Bien que rien n’ait jamais prouvé la participation du gouvernement serbe à cet assassinat, l’empereur d’Autriche François-Joseph que les ambitions balkaniques de la Serbie inquiètent, y voit l’occasion de déclencher contre celle-ci une guerre préventive.

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Alors, comme aux échecs, le jeu des alliances se manifesta. Les coups de feu avaient éclaté le 28 juin, le 26 juillet Sir Edward Grey, chef du Foreign Office, proposa une réunion germano-franco-italienne. Berlin refusa. Le 27, Belgrade surprend tout le monde en acceptant les conditions de l’ultimatum. Malgré tout, les évènements allaient s’enchaîner rapidement et conduire à la guerre, sans que rien ni personne ne pût s’y opposer.

En Allemagne, Von Moltke, ne relevant que du Kaiser, fit prévaloir son idée : frapper d’abord la France avant d’abattre la Russie son alliée. A cet instant, la Grande-Bretagne était neutre et les Etats-Unis engagés dans une querelle avec le Mexique. Le chancelier allemand Bethmann-Holweg réticent finit par suivre les militaires dans leur plan audacieux, c’est à dire violation de la neutralité belge.

L’Angleterre désirait la paix, mais elle était co-garante de la neutralité belge. Elle entra en guerre le 4 août. Au même moment, trois armées françaises subissaient échecs sur échecs. Partout la fougue de leurs soldats était impuissante devant les redoutables mitrailleuses allemandes. L’armée an-glaise menait une bataille défensive mais devait s’associer à notre retraite et les armées allemandes se rapprochaient de Paris.

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Joffre comprend qu’il faut se dégager sans retard pour éviter un encerclement dangereux. De son côté, Castelnau inflige au prince Rupech une sérieuse défaite qui dégage Nancy et Toul. Le dispositif allemand se rétrécit, Moltke enlève deux corps d’armée pour les expédier au secours de la Prusse orientale menacée par les Russes.


Le 11 août, les armées austro-hongroises pénètrent en territoire serbe avec la certitude d’écraser ce petit royaume.
En fait, les Serbes repoussent les envahisseurs et manifestent pendant plus de 18 mois une extraordinaire résistance qui suscite l’admiration du monde. L’offensive générale française commence le 6 septembre. Moltke est contraint à la retraite le 9 et la poursuite continue jusqu’au 14. L’ensemble de ces rencontres porte le nom de « Bataille de la Marne ».

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1915

Le bilan de cette année se révèle particulièrement défavorable pour les forces al-liées. C’est aussi l’année la plus sanglante de la guerre. Sur le front de l’ouest la victoire de la Marne ne peut être exploitée au cours de l’an-née et sur le front de l’est les armées du tsar se heurtent désormais aux forces allemandes renforcées par de grandes unités rappelées de France. Enfin, la guerre de tranchée stabilise le front. Mais 1915 est surtout marquée par les échecs des armées de Nicolas II, les puissances centrales remportant succès après succès. L’armée russe ne peut enlever la décision; Mieux! Ses défaites vont avoir d’importantes répercussions politiques dans le pays. Elles contribuent déjà à ébranler le vieux régime tsariste qui vit ses derniers mois.

Sur le front occidental, les offensives lancées par les alliés n’ont pas entamé les lignes allemandes. Aucun des adversaires ne réussit à enlever la décision et Joffre sera remplacé à la tête du Haut Commandement. La situation militaire incite les deux camps à rechercher de nouvelles alliances. Les Etats-Unis espèrent encore jouer un rôle d’arbitre, du moins de médiateur. Par contre, au cours de la même année, après la Turquie, la Bulgarie a rejoint les puissances centrales, tandis que l’Italie va intervenir dans le conflit aux côtés des Alliés.

1916

La lutte sous-marine contre les navires de commerce s’intensifie. Sur tous les fronts, la violence des combats atteint une rare intensité. L’Italie et l’Autriche s’affrontent : vaines tentatives italiennes de percée dans la bataille de l’Isonzo, contre-offensive autrichienne à partir de mai dont le succès doit être interrompu à cause de la première tentative russe de Broussilov. Mais sur le front oriental les grandes offensives russes échouent. La pause qui s’ensuit permet aux Allemands de se réorganiser. Les armées roumaines combattent cou-rageusement les Autrichiens.

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En Orient, la Turquie continue de contrôler les détroits mais ne par-vient pas à déloger les britanniques qui occupent la rive orientale et elle doit faire face aux troupes russes qui progressent dans le Caucase et en Arménie. La Grande-Bretagne rencontre de sérieuses difficultés en Afghanistan et aux Indes et provoque le soulèvement des Arabes contre l’Empire ottoman. Après leur victoire sur les armées du Tsar, les Allemands portent tous leurs efforts à l’Ouest. Verdun et la Somme deviennent le théâtre de sanglantes batailles. Sur tous les fronts la guerre est devenue totale.

1917

La fin de l’année 1916 marque un tournant dans l’histoire de la 1ère guerre mondiale. Déjà se dessinent les grandes mutations qui bouleverseront le monde. L’opinion américaine prend conscience que les affaires de la « vieille Europe » la concernent. Elle a la révélation brutale de la « volonté allemande de domination » et l’isolationnisme vit ses der-nières heures.

Les Etats-Unis vont dans quelques mois participer à la guerre, non seulement en en-voyant leurs hommes sur les champs de bataille mais encore avec toute leur puissance industrielle. Bientôt, les premiers convois américains franchiront l’Atlantique et les soldats termineront leur instruction en France.

Au début de cette année, les belligérants épuisés par la sanglante bataille de Verdun connaissent une grande lassitude. De plus, les tentatives d’ouverture de négociations se soldent par des échecs.

Sur le front occidental, le maréchal Ludendorff exécute en janvier l’opération Alberich qui a pour but de raccourcir le front allemand. En février-mars, les troupes du Kaiser se replient de 40 km et s’alignent sur la ligne Siegfried. Ce mouvement s’effectue dans le plus grand secret. Les Allemands évacuent les régions qu’ils contrôlaient en détruisant de sur-croit les habitations et le voies de communication. Le Haut-Commandement franco-britannique, pourtant informé des dispositions prises par Ludendorff, refuse d’abord d’y croire. Les troupes alliées se lancent trop tard à la poursuite de l’ennemi.

Au Moyen-Orient, les Britanniques passent résolument à l’offensive pour chasser les Turcs de Palestine et de Mésopotamie. Ils s’emparent de Bagdad et poussent leur avantage en direction de Mossoul. Le front des Balkans connaît de son côté un regain d’activité. Une conférence interalliée se tient en effet à Rome pour décider de la conduite à tenir à l’égard du roi Constantin qui poursuit une politique germanophile et de la mission à confier aux forces de l’Armée d’Orient sur le terrain d’opération de Salonique.

Cependant, deux évènements vont avoir une importance capitale pour l’avenir du monde; les Etats-Unis entrent en guerre et le régime du Tsar est ren-versé. Quelques semaines après le meurtre de Raspoutine, l’insurrection éclate en Russie. Après 3 années de luttes et de privations, les évènements vont pousser le Tsar à abdiquer. Kerenski prend le pou-voir mais pour céder bientôt la place aux Bolcheviks. L’Entente ne peut plus compter désormais sur les troupes russes. Elles vont être remplacées par celles des Etats-Unis.

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Le général Pershing à qui est confié le commandement U.S. s’entretiendra et s’en-tendra avec le maréchal Joffre. Dans les Balkans, la situation se clarifie. Constantin de Grèce abdique et Venizelos revient au pouvoir.

1918

Des crises d’indiscipline éclatent dans l’armée française mais le général Pétain saura surmonter ces difficultés.

Le 8 janvier, le président des Etats-Unis Woodrow Wilson fait diffuser une déclaration en 14 points qui va avoir un énorme retentissement.

Sur mer, les Alliés livrent aux sous-marins allemands une chasse impitoyable. Le malaise social s’aggrave en Allemagne. Ludendorff veut enlever la décision, il attaque.
Ce sera sa dernière victoire. En Russie, Lénine prend le pouvoir mais ne peut éviter la guerre civile. Le traité de Brest-Litovsk marque l’élimination des forces russes du champ de bataille.

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En France, Georges Clémenceau galvanise les énergies. En Grande-Bretagne, Llyod Georges joue un rôle comparable, bien secondé par l’énergique Winston Churchill. En Italie, Mussolini, blessé au front, commence à s’affirmer. Les combats continuent mais l’apparition massive, mais prématurée des chars provoque un retour à la guerre de mouvement. L’Allemagne, asphyxiée par l’impitoyable blocus allié, va tenter dans une ultime offensive d’arracher la victoire avant l’engagement des troupes américaines.

Dès le 26 mars, Foch peut coordonner l’action des troupes britan-niques. Décision qui va permettre de repousser la dernière offensive de Lu-dendorff. Les Allemands finiront par demander l’armistice. Il intervient le onzième jour du onzième mois de l’année à 11 heures. Ce sera ensuite les traités de paix en 1919 et dans ce monde agité qui vient de perdre une partie de son capital humain ce sera soit la tristesse d’avoir perdu un être aimé, soit pour d’autres la joie de la paix retrouvée.

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S. Gustave

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