Le chemin des Dames

Reprise d’un article de G Lacassagne paru dans le bulletin n° 108 de Juin 2017

Le chemin des Dames

Si l’année 1916 a été marquée par la bataille de Verdun, considérée comme une victoire de l’armée française (voir notre bulletin n°105 d’avril 2016), l’année 1917 est celle de la bataille du Chemin des Dames, beaucoup moins glorieuse pour nos troupes.

Le Chemin des Dames se situe dans le département de l’Aisne entre Laon, Soissons, et Reims. Il est entré dans la mémoire collective pour avoir été le théâtre de plusieurs batailles meurtrières de la Première Guerre mondiale.

Mais de quelles dames s’agit-il ? Le chemin fut baptisé ainsi à la fin du 18e siècle car il aurait été emprunté par Adélaïde et Victoire, filles du roi Louis XV, appelées Dames de France, pour se rendre de Paris au château de La Bove. Long de 25 km, séparant AizyJouy de Corbeny, il passe par la ligne de crête située entre la vallée de l’Ailette et celle de l’Aisne.

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Le plan

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Revenons à l’année 1917 et à la bataille du Chemin des Dames. En décembre 1916 le général Nivelle remplace Joffre à la tête des armées et reprend son projet d’offensive générale.

La tactique préconisée repose sur le principe de la concentration des forces : grâce à un million d’hommes et l’effet de surprise, les forces ennemies seront dépassées, ouvrant une brèche stratégique pour l’armée française. L’attaque française se centrera sur le Chemin des Dames.

Les Allemands sont présents sur le plateau, excellent observatoire, depuis septembre 1914. Ils ont eu le temps de le transformer en forteresse en aménageant les carrières souterraines (la fameuse Caverne du dragon), et en les reliant à l’arrière, en camouflant de nombreux nids de mitrailleuses. Le terrain est très défavorable aux troupes françaises se situant en contrebas et devant se lancer à l’assaut de pentes fortifiées.

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Les forces françaises comprennent environ 800 000 hommes, 2 700 pièces d’artillerie de 75 et 2 300 mortiers lourds. De nombreux régiments de troupes coloniales, tirailleurs sénégalais et zouaves, constituent des troupes de chocs. Pour la première fois en France, des chars blindés vont être utilisés. Les 194 chars Schneider et Saint-Chamond disponibles sont éparpillés entre différentes unités.

L’offensive

L’offensive est fixée au 16 avril. Les conditions météorologiques sont très mauvaises. Il fait très froid et la pluie a rendu le terrain très boueux. La préparation de l’offensive par l’artillerie est intense du 12 au 15 avril mais le temps très couvert rend les réglages d’artillerie approximatifs.

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L’assaut est donné à 6 heures du matin. Les hommes lancés à l’assaut sont pris en enfilade par des nids de mitrailleuses et les pertes sont considérables. Dès la fin de la journée, on s’aperçoit que cette offensive est un échec. La première intervention des chars dans l’armée française est un sanglant échec : sur 128 chars engagés, 57 sont détruits et 64 tombés en panne ou enlisés. Les gains de terrain sont minimes alors que les pertes sont considérables.

Alors que l’offensive devait durer au maximum 48 heures, elle va se poursuivre jusqu’au 24 octobre. Le 15 mai, le général Pétain remplace Nivelle. Le 25 juin les français s’emparent de la Caverne du Dragon. La bataille des observatoires, en vue de contrôler les points hauts du Chemin des Dames, dure tout l’été. Le 24 octobre la prise du fort de la Malmaison est saluée comme une grande victoire.

Cette bataille, qui devait être décisive est vécue comme un échec pour l’armée française. Elle se solde par de lourdes pertes pour des gains sensibles mais insuffisants. Par ailleurs les conditions de vie effroyables auxquelles devaient faire face les soldats français et l’accumulation des efforts qui leur étaient demandés entraînèrent des révoltes contre l’État-major, les mutineries de 1917. Il y eut de nombreuses condamnations par les tribunaux militaires et 554 condamnations à mort dont 49 furent effectives.

Commémoration philatélique

La Poste a mis en vente le 14 avril un bloc de 2 timbres qui illustrent la bataille du Chemin des Dames. Sur le bloc lui-même, on aperçoit en-haut et à gauche l’observatoire du plateau de Californie, et à droite le musée de la Caverne du Dragon. On peut voir également un char Schneider CA1. Conçu pour un équipage d’un conducteur et de 5 servants, le tank est équipé d’un canon court de 75 mm monté à l’avant et de 2 mitrailleuses Hotchkiss latérales. Son blindage trop faible et son réservoir d’essence placé à l’avant le rendaient très vulnérable. Il fut dès lors très vite remplacé par le char léger Renault FT.

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Par ailleurs le premier timbre représente un groupe de tirailleurs sénégalais. Ces troupes, originaires de toute l’AOF, ont payé un lourd tribut à la bataille du Chemin des Dames. Elles perdent 7 000 hommes sur les 16 500 engagés dans les premières journées. Assaut français sur le chemin des Dames

Le deuxième timbre représente des soldats français à l’intérieur de la Caverne du Dragon. Cette grotte avait été parfaitement aménagée par l’armée allemande avec son
réseau électrique, ses dortoirs, sa chapelle, son puits et son poste de secours. Propriété du département de l’Aisne, c’est maintenant un musée consacré à la guerre de 14.
Le bloc, tiré à 450 000 exemplaires, a été réalisé par François Boucq, dessinateur de bande dessinée, illustrateur de nombreuses œuvres sur la Grande Guerre.

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La Poste de Monaco a également émis un timbre pour le centenaire de la bataille du Chemin des Dames. Dessiné et gravé par Pierre Albuisson d’après photo, tiré à 50 000 exemplaires, il représente le Prince Albert 1er de Monaco en tenue de combattant. Engagé volontaire dans l’armée française, il s’est particulièrement distingué dans la bataille du Chemin des Dames.

Pour terminer, quelques cartes postales représentant quelques sites du Chemin des Dames (collection Roland Berthou).

G.Lacassagne

Compléments

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